La
fin de semaine dernière, j’allais chercher des boîtes de plancher flottant pour
terminer le plancher. Lors des travaux de la semaine dernière, il manquait trois
boîtes. Le fournisseur a mal calculé, on a dû recommander.
Ils
m’ont appelé :
- Eux : On a reçu votre commande.
- Moi : Parfait, est-ce que ce serait possible de passer les chercher ce samedi ?
- Eux : Oui, samedi c’est correct.
- Narrateur : Samedi n’était pas correct.
Après
avoir planifié les rénos pour le samedi, au moment d’aller chercher le matériel,
il n’était pas disponible. L’entrepôt est fermé, personne n’était au courant.
Bref, une journée gâchée.
Je
suis sortie en beau fusil.
(BTW,
je ne vais pas écrire le nom de la compagnie ici, mais il me ferait plaisir de
vous l’indiquer en privé si vous vous magasinez un plancher.)
En
retournant à la maison, j’ai fait un arrêt vers le bazar d’articles usagés. En
15 minutes, je suis sortie de là avec deux nouveaux gilets, pour la somme de 12
$. Ils sont beaux, ils sont magnifiques, je ne regrette absolument
rien.
Mais
la question se pose. Si je n’avais pas été fâchée noir, est-ce que j’aurais
ressenti le besoin de me faire plaisir ?
(Oui
je sais que si je n’avais pas été fâchée, c’est que j’aurais reçu mes planchers
et que j’aurais été trop occupée à les poser qu’à aller magasiner. Mais là n’est
pas le point…)
La
réponse est : certainement pas.
On
peut prendre des décisions de manière irréfléchie et ne pas les regretter, mais
ça ne les rend pas pour autant réfléchies.
J’ai
canalisé la colère dans le magasinage. C’est une mauvaise solution à un vrai
problème.
Après
tout le travail que j’ai fait depuis des mois, j’ai réussi à circonscrire les
dommages. Quand les émotions me prennent, je reste impulsive, mais les
conséquences ont nettement diminué. 12 $, il n’y a rien là.
Mais
il ne faut pas oublier que les problèmes de consommation restent d’abord et
avant tout liés aux émotions. On consomme pour se sentir mieux, pour faire
partie d’un groupe, pour se détendre, pour se récompenser, pour pallier à nos
carences affectives, pour nous donner l’illusion qu’on a un contrôle sur les
choses.
Cette
semaine, j’ai été voir le film Bonjour
voisin!
sur le très regretté Fred Rogers. Au-delà de la biographie, c’est surtout un
film sur la colère.
Quand
la colère nous envahit, le premier réflexe est de se tourner vers la cause. Très
souvent, elle survient quand on se sent victime d’une injustice. C’est ce qui
explique la force de la réaction. Elle sert à quelque chose, elle nous renseigne
sur nos besoins, elle nous permet de définir nos limites.
Mais
si on ne s’y arrête pas pour la comprendre, elle grandit, elle se nourrit
d’elle-même. Quand on a l’impression que le monde s’acharne sur nous, on
commence à se justifier de nos accès de colère. Et c’est là que ça devient
dangereux. On la transforme en violence.
Ou
on la renvoie sur nous-mêmes. On se saoule, on se gèle, on se sabote. Mais
rarement on prend le temps de se demander : qu’est-ce qui me ferait du bien ? De
quoi est-ce que j’ai besoin ? Et quel est mon pouvoir sur la situation actuelle
?
Mes
dépenses au bazar ne m’ont pas fait me sentir mieux. Ce qui a fait du bien, ça a
été de passer la soirée avec mon amoureux. De discuter de la mauvaise journée,
puis de passer à autre chose.
Je
pense que de dépenser un peu pour se faire plaisir est une méthode beaucoup plus
saine pour canaliser la colère que bien d’autres. Mais si vous vous surprenez à
magasiner souvent de manière impulsive, peut-être le temps est-il venu de vous
arrêter ? Et de réfléchir à ce qui vous ferait, réellement, du
bien.
Merci M. Rogers.

Très bon article! 🙂
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