Cette semaine, j’ai reçu par la poste une carte de Noël d’une amie. Au milieu des factures, elle était là, avec son timbre et son adresse écrite à la main. Elle trône sur mon frigo depuis.
Il est tellement rare de recevoir des cartes de Noël de quelqu’un d’autre que mon dentiste ou mon assureur. Ça fait chaud au coeur.
Récemment, j’ai eu bien du mal à me réjouir. Quand on suit quelques peu les nouvelles et qu’on navigue dans les sections commentaires, les réseaux sociaux… quand on se promène de clickbait en clickbait et qu’on lit les fait divers et les débats politiques, on est happé par une cacophonie. Un choeur discordant de gens en colère, d’une bout à l’autre du spectre, qui se démonisent les uns et les autres.
Chaque jour, l’injustice, l’ignorance m’affecte, un petit peu à la fois. Et ce monde me paraît tous les jours un peu plus laid, un peu plus gris.
J’ai besoin de prendre un peu de recul. Et de changer le prisme par lequel je perçois la réalité.
Quand on s’éloigne un peu de la polarisation nauséabonde du discours et qu’on prend le temps d’observer ce qui se passe réellement autour de nous, la réalité est-elle si négative ?
Pendant que hurle la colère, en silence, des millions de gens s’activent pour faire le bien autour d’eux. Pendant que l’on accorde de l’attention au pire, le meilleur passe sous le radar.
Le bien est ennuyeux, il ne nous assaille pas, il ne suscite pas d’émotions fortes. Il n’a pas la dégaine d’un superhéros, il ne règle pas les problèmes du monde à coups de poing. Mais à coups de petites lois, de petites mesures, de petites actions, peu à peu, les statistiques s’améliorent. Ça ne flashe pas, mais c’est efficace.
Aujourd’hui, l’homme ou la femme typique de 2019 recycle, met sa ceinture de sécurité, ne prend plus sa voiture en état d’ébriété, ne fume plus au visage des enfants. Voir un psychologue est devenu plus acceptable que jamais. L’anesthésie existe. Il est maintenant beaucoup plus rare de voir des comportements inacceptables passer sous silence.
Et tout ça est le fruit du travail de milliers de gens dont nous ne connaîtrons jamais le nom. De milliers de gens qui ne se sont pas dit : à quoi bon, l’humanité est vouée à sa perte de toute façon. Ils se mobilisent et devant la lourdeur de la tâche se disent: une bouchée à la fois.
Le cynisme est une réaction naturelle quand on voit des injustices se répéter, jour après jour. Mais il ne sert à rien, il paralyse.
Ce Noël, je vous invite à changer la lunette avec laquelle vous percevez le monde.
Et si vous avez besoin d’un coup de pouce pour chasser le négatif, voici ma liste de cadeaux :
Des plugins pour une navigation plus tranquille :
- Shut-up : pour faire disparaître les sections commentaires sur la très grande majorité des sites web. Parfait pour éviter les débats inutiles et l’exposition à des commentaires hautement toxiques.
- News feed eradicator : élimine votre fil de nouvelles Facebook pour le remplacer par une citation. Les fil de nouvelles sur les pages de vos amis ou de compagnies restent affichées, mais il vous faut pour cela vous rendre sur la page.
Des contenus qui donnent chaud au coeur :
- Le documentaire : Won’t you be my neighbor, sur Netflix, sur la vie et l’oeuvre de Fred Rogers, qui animait une émission pour enfants aux États-Unis des années 70 à 90. Un superbe documentaire, qui offre un portrait en profondeur d’un homme foncièrement bon.
- Toute la suite des Dear Sugars : avec une plume superbe et ce qu’elle qualifie “d’empathie radicale”, Cheryl Strayed répond à des courriers de lecteurs avec humanité, douceur et acceptation. Ce qui a commencé par une chronique est devenu un livre, puis une balado. Contenu en anglais. Contient des perles comme ceci :
You don’t have a right to the cards you believe you should have been dealt with. You have an obligation to play the hell out of the ones you’re holding and my dear one, you and I have been granted a mighty generous one.
Et pourquoi pas, peut-être une petite carte de Noël 🙂