La gratuité, combien ça coûte ?

C’est aujourd’hui le dernier chapitre de la trilogie sur le web et l’argent.

Voici les deux premiers : ici et ici.

Comme nous l’avons vu précédemment, la monétisation sur le web est fortement liée à la popularité : Qui sera lu ? Sur quel lien va-t-on cliquer ?

Et la vraie question : Ce qui est moins populaire a-t-il encore de la valeur ?

Coincés au milieu d’une guerre de popularité, le consommateur et le citoyen deviennent épuisés.

Si l’idée selon laquelle notre capacité d’attention diminue avec l’arrivée d’Internet est largement galvaudée, il serait faux d’affirmer que notre cerveau n’est pas affecté.

Le grand coupable : la surinformation. Ou «information overload», comme disent les anglos.

Selon une étude de ESRI UK, le tiers des internautes ressentent un grand stress devant l’abondance d’information disponible. Conséquence : confusion, perte de mémoire à court terme et agitation.

Les stratégies mêmes des réseaux sociaux augmentent cette réponse de stress. Les notifications en rouge, le blip sonore, les titres accrocheurs, les images, tout sert à nous garder en constant état d’alerte.

Aviez-vous déjà eu l’impression d’entendre sonner votre téléphone, pour vous rendre compte qu’il était fermé ?

Ce n’est pas parce qu’on lit plus qu’on est plus intelligent

Si je me fie à la science-fiction, le large accès à l’information devrait, en théorie nous rendre supra-intelligents.

Le gros problème, c’est que, coincé au milieu des algorithmes de Facebook, de Spotify, de Netflix et autres, on se terre chacun dans notre petite bulle de contenus personnalisés.

(Petite expérience, créez-vous un nouveau compte Netflix pour voir, vous serez étonnés de voir tout le contenu qui ne vous est pas présenté d’habitude, faire son apparition sur la page d’accueil)

Quand nous devenons les seuls responsables de notre culture, il semblerait qu’on recherche seulement ce qui nous attire, ce que l’on connait déjà et ce qui conforte notre opinion.

Plutôt que de détruire nos biais, Internet les renforce.

En s’entourant constamment de contenus et de communautés d’esprit qui réconfortent notre mode de pensée, nous élevons notre opinion au stade de vérité. Et celui qui la confrontera n’a qu’à bien se tenir. N’a-t-il pas lu toute l’information qui lui est disponible avant de former son opinion ridicule ?

Pour un nouveau genre d’information

Au milieu de toute cette cacophonie, l’information est la grande perdante. Dans ce nouveau modèle d’affaires, les enquêtes coûtent trop cher à produire pour une visibilité qui n’est pas toujours au rendez-vous.

Même un blogueur, qui peut prendre près d’un mois à produire un contenu de qualité est perdant par rapport à celui qui produit deux vidéos par semaine de déballages de colis (oui, ça se fait).

À cette réalité, j’aimerais proposer une solution, une twist du fameux slogan «Acheter c’est voter» d’Équiterre :

Visionner, c’est voter

Et ça, c’est tant que le modèle de la gratuité sera dominant sur le web.

D’ailleurs, même ce modèle-là, hé bien, il n’est pas gratuit.

Quand on ne te vend pas de produit, c’est toi le produit!

C’est-à-dire, qu’en échange de la gratuité, on offre nos données personnelles, notre profil de navigation, notre attention sur des spots publicitaires.

Prenons l’exemple des quiz Facebook. En échange d’un résultat à un quiz simple comme :

  • Quelle princesse es-tu ?
  • De quelle couleur est ton aura ?

L’internaute donne accès à un grand nombre d’informations personnelles, dont :

  • son adresse courriel
  • sa liste d’amis
  • ses préférences

Récemment, un important «producteur» de ces quiz a été pointé du doigt pour avoir recueilli de l’information sur près de 120 millions d’utilisateurs.

Créer un quiz est d’ailleurs l’un des moyens mis de l’avant par les marketeurs web pour construire rapidement et facilement une liste de courriels.

En résumé, quoi faire dans cet environnement :

1 – Diversifiez vos sources d’informations et renseignez-vous sur la crédibilité de ces sources

2- Questionnez-vous toujours avant de donner accès à vos données personnelles. Est-ce que ça vaut vraiment la peine de donner autant d’infos pour savoir quelle princesse vous êtes ?

3- Ne vous inscrivez pas à un site par le biais d’un autre site (ex: Facebook), passez par le formulaire complet. Même si c’est plus long.

4- Encouragez des créateurs de contenus et des médias. Et par encouragez, je veux dire : Inscription, Visionnement, Partage et Mécénat.

Concernant ce dernier point, il existe désormais des plateformes comme Patreon qui permette d’encourager monétairement des créateurs de contenus.

Le choix est le suivant :

  • Soit on paye pour avoir accès à du contenu de qualité, sans publicité
  • Soit on endure la publicité en échange de contenus de qualité
  • Soit on refuse de payer et de regarder la publicité, et on se fait passer le marketing par la porte d’en arrière.

Trois choix…

Quel est le tien ?

Tant d’autres choses à dire

Dans un monde idéal, le web serait le parfait exemple du libre-marché. Mais c’est là qu’on voit que la théorie ne rejoint pas toujours la pratique.

Sans régulation aucune, le marché financier multiplie les stratagèmes pour enrichir les puissants au détriment des autres. Sans régulation, c’est le far west.

Et actuellement, bien, c’est effectivement le far west.

Les fausses nouvelles, les usines à clics, et autres stratégies douteuses sont légion. D’ailleurs, il y en a tellement que je n’ai pu qu’effleurer le sujet.

Je n’ai pas pu parler, notamment de certaines entreprises comme JustFab qui nous offre un rabais important sur des produits, mais qui nous chargent discrètement un abonnement, de près de 40$ par mois. Assez petit pour passer inaperçu, mais assez gros pour faire pencher la balance d’un budget.

Je n’ai pas non plus parler de ces enchères sur des forums où se vendent des listes de courriels recueillis lors d’inscriptions à des infolettres, ou à des quiz Facebook.

Si vous vous demandiez pourquoi vous recevez des spams de compagnies auxquelles vous n’avez jamais adhéré, voici une partie de la réponse.

Je ne vous ai pas parlé non plus des faux commentaires des utilisateurs, rédigés par des rédacteurs à la pièce ou écrits par les compagnies elles-mêmes pour mousser leurs produits. Actuellement, au moins 15% des «commentaires d’utilisateurs» sont inventés de toutes pièces.

Je me serais trop étendue.

Prudence dans vos achats en ligne 🙂 On se revoit sous peu pour un autre article !

Merci de me laisser vos commentaires.

3 réflexions sur “La gratuité, combien ça coûte ?

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